Réduction de la population de loups en France en 2014: un délire écologiste

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Comme pour l’ours il y a quelques années, le loup déclenche des passions idéologiques proche de l’hystérie y compris chez certains journalistes. Il suffit que le parlement, dans un cadre légal et démocratique, donne un peu d’air à la capacité de décision des ministres et préfets pour tenter de limiter la catastrophe que vivent certains éleveurs pour que le délire écologiste se déchaîne sans aucune justification raisonnée.

Soit le journaliste ne sait pas compter soit il est de la même la même mauvaise foi que les militants écologistes. Annoncer en titre que «La France veut réduire de 12% sa population de loups» manque pour le moins de rigueur et de déontologie journalistique.

Officiellement, la France a entre 300 et 350 loups sur son territoire. Le taux de renouvellement est de 20% par an. Si nous optons pour le plafond haut de prélèvement de 36 loups ce ne peut pas être une réduction de 12% puisqu’il s’en renouvellement net est 20%. Tout au plus, et si le quota de prélèvement annuel est réalisé, ce qui n’a jamais été le cas depuis 2005, le renouvellement net sera de 8% au lieu de 20 et la population de loups continuera de progresser pour le plus grand malheur de tous les éleveurs de France qui, tôt ou tard, en subiront tous les conséquences.

Dans cette opération, il reste à savoir si la fourchette de 300 à 350 à fin avril 2014 est exacte. Difficile de répondre dans la mesure où il n’existe pas de contre-pouvoir sérieux à l’ONCFS qui est à la fois juge et parti incontestable mais néanmoins contestée.

Suivi des tirs de prélévements et de défense des loups en France

- La France veut réduire de 12% sa population de loups

La France éliminera-t-elle 36 de ses loups sur la période 2014-2015, dans 20 départements au lieu de 14? C’est en tout cas ce que les deux ministères en charge du sujet, ceux de l’écologie et de l’agriculture, s’apprêtent à autoriser, grâce à deux arrêtés mis en consultation jusqu’au 15 juin.

Sur la période 2013-2014, qui s’achèvera le 30 juin, le quota avait été fixé à 24 loups –contre 11 en 2012-2013. Contacté par le JDLE, Pierre Athanaze, président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), rappelle que 12 ont été tués ou braconnés en 2013-2014.

Egalement membre du collectif Cap Loup, l’association Ferus, qui milite pour la conservation du loup, de l’ours et du lynx, en dénombre même 15, en incluant les 3 tués sur la route et encore sans tenir compte de 4 louveteaux d’une mère allaitante abattue en juin 2013 dans les Alpes-Maritimes [1].

Si le chiffre de 24 n’a donc pas été atteint en 2013-2014, les ministères de l’écologie et de l’agriculture s’apprêtent tout de même à le rehausser de manière indirecte. Le premier arrêté mis en consultation fixe bien le chiffre de 24, mais prévoit qu’il pourra «être révisé, dans la limite de 12 spécimens supplémentaires, à compter de la date éventuelle à laquelle 20 spécimens de loups auront été détruits».

Soit un maximum de 36 loups que les préfets pourront décider de faire abattre sur la période 2014-2015. Avec une population française estimée à environ 300 individus, la France s’apprête donc à pouvoir en éliminer 12% en un an.

- Six départements limitrophes ajoutés

Egalement prévu par un second arrêté, 6 autres départements sont ajoutés aux 14 déjà inclus, en raison de la présence désormais avérée du loup [2]. Il s’agit de l’Ariège, de l’Aude (au titre de zones de présence permanente, ZPP, partagées avec les Pyrénées-Orientales), des Bouches-du-Rhône (ZPP partagée avec le Var), de l’Ardèche (ZPP partagée avec la Lozère), de la Haute-Marne et de la Meuse (ZPP partagée avec les Vosges).

Ce sont là des départements où «le loup vient juste d’arriver, où il n’a pas eu le temps de former des meutes», déplore Pierre Athanaze, selon qui nous sommes «clairement dans une stratégie d’élimination». Exemple la Meuse, où un seul loup a été observé, alors qu’il «a probablement été braconné depuis».

Selon le président de l’Aspas, ce chiffre de 36, «purement politique», permet de «donner des gages au lobby agricole». Et ce alors que la réalité d’une attaque du loup n’est pas toujours établie: «Dans 20% des cas d’attaque, il s’agit d’un chien errant, dans 20% d’un loup; et dans les 60% qui restent, c’est-à-dire quand on ne sait pas, on dit que c’est le loup», ajoute-t-il.

- Une «arnaque au loup»

Dans quel but? Celui de toucher des indemnisations, dénonce Pierre Athanaze, selon qui ces aides déguisées au pastoralisme constituent une «arnaque au loup». A l’inverse, d’autres pays (Allemagne, Espagne, Italie) ont mis l’accent sur la protection des troupeaux, par des barrières, des chiens, un éclairage lumineux ou un simple gardiennage.

Soumis à consultation publique jusqu’au 15 juin, les deux arrêtés seront examinés lors d’un comité plénier du Conseil national de protection de la nature (CNPN), le 11 juin. Malgré la forte opposition qu’ils suscitent parmi les commentaires, «nous ne nous faisons pas beaucoup d’illusions» sur les chances d’empêcher leur publication, regrette Pierre Athanaze.

Le 23 mai, le collectif Cap Loup a lancé une pétition en ligne «pour que vive le loup et que vive le pastoralisme», destinée à la nouvelle ministre de l’écologie, Ségolène Royal. A l’inverse de ses deux prédécesseurs, «on espère que la ministre se fera entendre, au moins sur la question des grands prédateurs», indique Pierre Athanaze.

Outre ces quotas, le Sénat a adopté mi-avril deux amendements facilitant l’abattage, dans le cadre du projet de loi sur l’avenir de l’agriculture voir le JDLE. Selon le premier, tout éleveur dont l’élevage a été victime d’une attaque se verra délivrer «sans délai» par le préfet une autorisation de tir du loup pour une durée de 6 mois. Selon le second, l’abattage devient autorisé «dans des zones de protection renforcée délimitées chaque année par arrêté préfectoral, indépendamment du prélèvement défini au niveau national».

Auteur: Romain Loury
Source: Journal de l'Environnement du 27 mai 2014

[1] Les loups retrouvés morts, sans blessure par balles, ne sont pas comptés dans les 24 officiels. Ce qui ouvre la voie à des pratiques peu avouables, tels ces loups percutés par des voitures, qui s’avèrent avoir ingéré de fortes quantités de pesticides.
[2] Les 14 départements déjà inclus sont les Alpes de Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes, la Drôme, l’Isère, la Lozère, les Pyrénées-Orientales, le Haut-Rhin, la Haute-Saône, la Savoie, la Haute-Savoie, le Var, le Vaucluse et les Vosges.