Le prélèvement d'un loup par l'ONCFS dans les Alpes-Maritimes - 2013

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Il est très rare que l’ONCFS réalise et réussisse des tirs de prélèvement de loups alors qu’ils sont parfaitement informés des lieux où ils se trouvent. Mais leurs motivations essentiellement animées par leurs préceptes idéologiques de l’écologie profonde les amène à faire le minimum.

Pressée par les autorités politiques, administratives et les éleveurs, il était urgent pour l’ONCFS de montrer que l’institution existe bien et "fait le job". C’est ainsi que le 18 juin 2013, soit 12 jours avant la fin du programme de tirs 2012-2013 l’ONCFS réalise un tir fatal contre un seul loup. Ce sera leur trophée justificatif de leur existence.

Pour compléter cette réalisation saluée par tous, il fallait bien une opération médiatique. Une habitude à l’ONCFS des Alpes-Maritimes comme au Parc National du Mercantour, pour montrer la très grande difficulté à trouver et à tuer des loups. En 1992-1993, il y avait eu l’opération médiatique du « grand retour » du loup dans le vallon de Molières avec l’aide de la revue « Terre Sauvage ». Mise en scène de toute pièce pour, par la suite, justifier des introductions discrètes qui ont permis de voir la population lupine augmenter et croitre dans des proportions étonnante.

D’un autre côté des éleveurs sont restés discrets sur l’abattage de plus de 30 loups avant 1992. Seuls quelques-uns ont été officiellement connus et reconnus… il s’agissait le plus souvent d’hybrides. La manipulation médiatique a pu fonctionner à une époque où les moyens de communications et de diffusion n’étaient ceux que nous connaissons en 2013. Aujourd’hui, il est beaucoup plus difficile de nous faire avaler des couleuvres. Tout se sait, tout se diffuse.

L'histoire controversée du retour du loup dans les Alpes et en France

Ce reportage ressemble étrangement au reportage diffusé par France 2 le 12 octobre 2013 soit un mois après l’article ci-dessous du journal Le Parisien. Ce même article nous apprend que le tir de prélèvement a été effectué le 18 juin 2013. Or cet acte n’a été rendu public que le 11 juillet 2013. Pourquoi?

Comme d’habitude, Louis Bernard, Directeur départemental de l’ONCFS des Alpes-Maritimes, donnera de belles et grandes explications / justifications de la situation. Mais les personnes averties ne s’y tromperont pas. L’ONCFS fait tout pour ne pas abattre de loups. La preuve est d’ailleurs dans le reportage de France 2 : Dès que la meute se rapproche, on lève la battue au motif qu’il fait nuit alors que les agents sont équipés pour les tirs nocturnes. Cherchez l’erreur!

Louis Dollo, le 15 septembre 2013 - MàJ le 13 octobre 2013

- Environnement: le loup pris au piège

- En 2012, 2.417 brebis et moutons ont été victimes des loups dans le parc du Mercantour. Depuis, la chasse aux prédateurs est ouverte.

Là-haut, dans la montagne aiguisée du Mercantour (Alpes-Maritimes), à 2.300 mètres d’altitude, Louis Bernard, allongé sur le ventre, ne bouge plus.

Concentré, jumelles en main, le chef de service départemental de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) des Alpes-Maritimes pointe sa carabine équipée d’une lunette vers les brebis qui redescendent toutes guillerettes de l’alpage.

C’est un moment stratégique d’une opération d’affût visant à « prélever » (terme pudique de l’administration pour ne pas dire «tuer») deux loups, entre août et septembre, dans deux communes des Alpes-Maritimes.

- 24 bêtes pourraient être abattues

Une traque autorisée par le préfet, au vu de la multiplication des attaques de troupeaux.

Car le loup, depuis son retour naturel en France, dans les années 1990, ne fait pas dans la dentelle.

En particulier dans ce «département le plus touché par les prédations, avec 2.417 animaux concernés en 2012, soit plus du tiers des pertes au plan national», selon la préfecture.

La question est sensible. D’un côté, les défenseurs de l’animal affirment que les dégâts qu’il cause sont minimes et bien indemnisés.

De l’autre, les bergers et les éleveurs ovins montrent chaque jour un peu plus leurs muscles, et sont soupçonnés de préparer des actions coups de poing qui inquiètent les services officiels.

Marchant sur un fil ténu, les pouvoirs publics ont créé, en mai dernier, un nouveau «plan loup» prévoyant, entre autres, d’abattre 24 bêtes au maximum d’ici au printemps prochain. Trop pour les uns, pas assez pour les autres.

Cette mission d’abattage est loin d’être facile. Le prédateur est méfiant et a le chic pour détecter toute présence suspecte, concèdent Louis Bernard et ses collègues.

A 200 mètres de là, les brebis passent à la lisière d’un épais sous-bois sans se douter qu’à cet endroit précis, elles pourraient bien servir d’épicerie fine à la bête sauvage.

Ironie de l’histoire, deux patous, ces fameux chiens de berger utilisés comme arme de dissuasion massive contre les canis lupus de tout poil, ronflent en contrebas.

«On a vu des loups deux fois à cet endroit, chuchote le fonctionnaire, et quatre fois de l’autre côté. Une attaque est possible.»

Voire imminente: les moutons tressaillent comme s’ils avaient entendu quelque chose. Le temps est suspendu au bruit des bêlements.

Fausse alerte. Louis Bernard communique discrètement par radio avec ses hommes.

«Il manquait peut-être un peu de brouillard, mais tout était réuni, on y a cru.»

«Si on veut être efficace, on prend un hélico en hiver et on tire»

Depuis une vingtaine de jours, ces agents de l’Etat, qui ont le droit de se faire assister par des chasseurs et des agents de louveterie, montent régulièrement au front après une heure de piste en 4 x 4 et une autre à pied, sur 300 mètres de dénivelé.

Ils planquent tôt le matin ou en soirée, jusqu’à la tombée de la nuit.

"C’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin, car les meutes de loups ont un territoire de 35.000 hectares", confie le chef de service.

Leurs efforts paient parfois. A quelques kilomètres de là, le 18 juin dernier, ils ont abattu une louve allaitante.

Le 19 août, un autre spécimen a été mortellement blessé par un chasseur, mais la dépouille reste introuvable.

Ces tirs de prélèvement sont-ils l’arme ultime pour réguler le loup (il y en aurait 40 dans les Alpes-Maritimes, et environ 250 en France)?

Daniel Giuge, éleveur de moutons et de chèvres, en doute: «C’est du pipeau. Si on veut être efficace, on prend un hélico en hiver et on tire», estime-t-il, égratignant au passage quelques confrères, qu’il soupçonne d’abuser des indemnisations de l’Etat.

Laurence, bergère depuis neuf ans dans le secteur, est sceptique.

Elle ne compte désormais que ses face-à-face avec le prédateur, et plus du tout le nombre de brebis égorgées.

«Je l’ai vu onze fois cette saison!» souffle-t-elle en montrant les clichés de ses bêtes en sang.

Il fait nuit sur le Mercantour. Les agents repartiront bredouilles. Leur retour à la civilisation se fait à la lampe frontale.

Et, pour ne pas glisser sur les chemins humides, ils descendent à pas de loup.

- L'animal le plus compliqué à chasser

Louis Bernard, chef de service départemental de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, organise la traque dans les Alpes-Maritimes.

- Comment a été tué le loup abattu le 18 juin dernier?

Grâce à des systèmes de surveillance photo, nous avons repéré un endroit où la meute attaquait souvent un troupeau, entre 21 h 15 et 21 h 45, en passant par un sentier de randonnée.

Le 18 juin, vers 21 h 20, nous y avons en effet vu deux loups.

Le tir a été effectué par un agent, à 70 mètres environ. Lorsque nous sommes arrivés au contact, le loup agonisait et nous avons dû abréger ses souffrances.

C’était une louve d’environ 30 kg, avec la dentition d’un animal âgé de 2 ou 3 ans. Elle était allaitante, sa portée est donc condamnée.

- Est-il difficile de tuer de tels prédateurs?

De toutes nos missions de prélèvement, celle du loup est la plus compliquée.

Nous disposons de différents moyens, comme les affûts près des troupeaux attaqués ou les battues.

Humainement, ce n’est pas plus difficile que les prélèvements d’animaux «classiques» comme le renard, le cormoran, le sanglier…

Ça peut heurter la sensibilité du grand public mais, nous, on le gère bien.

Auteur: Matthias Galante
Source: Le Parisien du 9 septembre 2013